Le Rêve meurtrier par Lila

Charlestown, Boston, MA (Massachusetts), USA

19 Août, 11h03.
- Sherlock ? Sherlock !
Non, je ne suis pas Sherlock Holmes pour la bonne raison que je suis une jeune femme de 19 ans. C’est juste un surnom à défaut d’avoir un prénom qui doit rester secret. Un détective se doit de rester le plus inconnu possible. Je ne m’appelle pas, mais appelez-moi comme vous le désirez… J’ouvre les yeux et dévisage ma petite sœur qui me secoue légèrement.
- A quoi tu pensais ? dit-elle avec hâte.
- Le pull.
- Le pull ? s’étonne-t-elle.
- C’est ça ! Dans le pull !
- Tu m’expliques ?
- Pas le temps ! Où est l’inspecteur ? m’enquis-je.
- Je suis ici détective Johanson, répond celui-ci.
- Rassemblez les suspects tout de suite !
- Nous venons de les laisser partir. Cela fait plus d’une heure que nous les retenons ici.
- Rattrapez-les immédiatement ! Je viens de résoudre l’affaire.
Ma sœur me regarde avec émerveillement alors que le commissaire se met à courir et à crier à ses hommes de rattraper les suspects. C’est assez drôle à voir. L’inspecteur est un homme à la trentaine, plutôt corpulent, célibataire, toujours vêtu de son long manteau noir et peu souvent sans son chapeau.
- Tu as vu, il t’obéit comme un petit chien, se moque ma sœur.
- Arrête Maya. Ce n’est pas gentil.
- Mais je t’assure qu’il ferait tout pour toi.
- Quelle chance…
- Arrête Sherlock, rit-elle. Ce n’est pas gentil.
J’expose ma théorie dans une autre pièce, cachée de toute l’assemblée. Je peux les voir mais pas eux. Je tiens à garder mon identité secrète. C’est pour cela que je n’utilise pas non plus ma vraie voix. Mes accusations se révèlent apparemment juste vu la sueur qui coule sur le front du coupable.
- Vous mentez ! Je ne l’ai pas tuée !
- La trace sur votre main droite montre que vous vous êtes coupé avec le fil qui a servi à votre stratagème. Vous avez donc dû recommencer pour ne pas le laisser car il y avait votre sang dessus. Je suis sûre que cette preuve est encore sur vous.
- On m’a déjà fouillé !
- C’est vrai, m’informe un des policier, nous n’avons rien trouvé.
- Avez-vous cherché dans son pull ?
Un moment de silence. La tension se fait sentir sur le visage de l’accusé.
- C’est ça ? s’écrie Maya.
M. Thomas sursaute alors qu’elle tire sur un fil de son tricot.
- Je suis sûre que si on analyse ces deux tâches de sang, on trouvera votre ADN et celui de la victime.
- Ce n’est pas la peine, soupire M. Thomas. C’est moi. C’est moi qui l’aie tuée !
S’en suivent les habituels « pourquoi ? » de l’assemblée et les larmes du tueur. Les policiers l’embarquent ensuite et l’inspecteur s’approche de moi.
- Beau travail Johanson. Vous m’épaterez toujours.
- Merci inspecteur.
- Je vous invite à prendre un café ?
- Non merci. Je dois veiller sur cette jeune fille.
- Ça va, je sais m’occuper de moi toute seule, s’indigne Maya. J’ai 16 ans !
- Bon, on va y aller. Au revoir inspecteur.
Je me dépêche d’entraîner Maya à ma suite après avoir vérifié qu’aucun journaliste ne traîne dans les alentours et démarre la voiture à toute vitesse. Maya, elle, est morte de rire.
- Ce n’est pas marrant !
- Je vous invite à prendre un café ? imite-t-elle.
Je finis par rire à mon tour. Qu’est-ce que je ferais sans ma petite Maya ?

20h35.
- Sherlock ! Il parle de toi à la télé ! se réjouit ma petite sœur.
A l’entente de mon surnom, je lève le nez de mon travail pour regarder l’écran où un journaliste prend la parole.
- Lui, remarquais-je, il a perdu sa femme.
- Comment tu peux savoir ça ? s’étonne-t-elle.
- Le bouton manquant de sa veste ne serait pas manquant s’il avait une femme mais il a toujours sa bague de mariage qu’il n’arrête pas de toucher. J’en déduis que sa femme est morte et qu’il n’a pas le courage de passer à autre chose.
- Et si tu l’écoutais plutôt que de t’introduire dans sa vie privée ?
« Une nouvelle intrigue résolue pour le détective Johanson ! Cet énigmatique limier résout énigmes et stratagèmes avec brio. Il en est actuellement à sa quarante-neuvième affaire. Aucun meurtrier ne peut arrêter sa logique incomparable. Il dévoile toutes les manigances au grand jour mais une chose demeure secrète. Son identité. Il reste interdit sur ce sujet. "Mon prénom est un mystère et il le restera" a-t-il répondu à un de nos messages. Notre mystérieux personnage n’a pas froid aux yeux. Est-ce la fin du crime ? »
- Tu as vraiment dis ça ? me questionne ma sœur.
- Quoi ? C’est la vérité, c’est un mystère.
- Pathétique.
- Eh oh ! Je te signale que sans moi il y aurait encore plusieurs crimes impunis.
- Oui mais c’est l’inspecteur qui prend toute les félicitations. Tu as résolu bien plus que 49 affaires !
- Mmh, soixante, soixante-dix…
- Et tu restes impassible ?!
- Maya, les mérites ne sont pas importants, ils sont même dangereux. Plus une personne est connue, plus elle a d’ennemis. Je ne veux pas avoir des hordes de personnes qui essaient de découvrir mon identité.
- Ouais…
Elle se retourne face à la télévision en silence. Je me replonge dans quelques dossiers quand Maya monte soudainement le son.
« Une étude américaine a affirmé après de nombreux tests que lorsque nous dormons, notre corps est plongé dans un état de demi-mort... »
- Tu ne trouves pas ça effrayant ? frissonne-t-elle.
- C’est leur but. Ils veulent juste nous faire peur. Une population effrayée est toujours plus manipulable. Tu crois vraiment que, sous prétexte que l’on dort, on soit plus proche de la mort ? La mort est partout Maya, elle nous attend à chaque pas, à chaque battement de cœur.
- Sherlock…
- Désolée. En réalité, je trouve ça ignoble de leur part de parler ainsi de la mort alors que des gens se font tués sans même que l’on s’en rende compte.
Je revois des images de ma mère raconté ses journées à Maya dans son uniforme de policière et mon père qui laissait intentionnellement tomber des énigmes de son bureau pour que je m’exerce à les résoudre. Ils faisaient un métier dangereux, c’était prévisible que des criminels allaient les tuer.
- A moi aussi ils me manquent, murmure Maya.

21 Août, 13h17.
Je raccroche le combiné alors que Maya me dévisage.
- C’était l’inspecteur, répondis-je à sa question muette.
- Il veut encore que tu résolves une affaire à sa place ?!
- Apparemment.
- Pourquoi tu te laisses faire ainsi ?
- L’appel de l’énigme. Tu sais bien que si le dossier n’est pas intéressant je ne m’y intéresserais pas.
- Je peux venir ?
- Tu n’as pas un cours de karaté aujourd’hui ?
- Si mais c’est toujours plus marrant d’écraser les petits nouveaux de la police.
- Maya…
- Quoi ? Ce n’est pas de ma faute s’ils me sous-estiment. Tout ceux qui m’ont affrontée me respecte maintenant.
- Vas à ton cours. Ton petit ami se sentirait abandonné sinon.
- Meilleur ami, Sherlock. C’est mon meilleur ami !
- Oui, c’est ce qu’on dit !
Elle me tire la langue alors que je sors. A peine arrivée au bureau de police, je suis accueillie par l’inspecteur.
- Vous vouliez me voir ?
- Oui. On m’a donné une affaire assez étrange et je me suis dis que…
- Je vous rappelle que je ne fais pas parti de la police, je suis un détective privé, et je ne suis pas censée résoudre vos affaires… mais je veux bien y jeter un coup d’œil.
- Merci beaucoup !
Comme l’a précisé l’inspecteur, c’est en effet très étrange : la victime, une femme du nom d’Edna, ne comporte aucunes traces de blessure, aucuns symptômes. La cause de la mort n’a pas pût être définie. La seule chose dont on est sûr est qu’elle est morte dans son sommeil.
- Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?!
- C’est un mystère complet. Edna est une cambrioleuse de coffres-forts longtemps recherchée et très robuste. Autant dire que la retrouver morte nous a beaucoup surpris.
- Bien. Passez-moi ce dossier, je verrais ce que je peux en sortir.

22 Août, 8h54.
Après avoir examiné le dossier, j’ai préféré venir moi-même au cas où quelque chose aurait échappé aux policiers. Me voilà donc sur les lieux de la mort : une cabane en bord de forêt, non loin de la ville. L’endroit est complètement désert. Je pousse précautionneusement la porte qui grince et entre d’un pas prudent suivie de Maya – je n’ai pas pu me débarrasser d’elle cette fois. J’observe attentivement l’intérieur avant de m’engouffrer dans la chambre où la victime à été retrouvée à même le sol.
- Cette cabane n’a pas été habitée depuis au moins deux ans, concluais-je.
- Pourquoi deux ans ?
- Dans le salon, au dessus de la cheminée, il y a un livre racontant une histoire vraie qui était très apprécié mais en 2008, l’auteur a avoué que ce n’était que des mensonges. Personne ne mettrait un tissu de mensonges en évidence sur sa cheminée. Le propriétaire de cette demeure est donc parti avant cette révélation, c'est-à-dire il y a deux ans au moins.
- Je vois…
- Que vois-tu ?
- C’est une façon de parler !
- Évidement.
Je constate avec peine que les agents de police ont effacés tous indices avec leur passage. Des bons à rien. Ils ont même ouvert la fenêtre ! Impossible de savoir s’il y avait du gaz dans la pièce qui aurait pu causer la mort. C’est alors que les volets claquent et un courant d’air frais m’entoure avant de renverser un vieux bougeoir. Juste à côté de celui-ci se trouve une petite poupée. Je l’examine avec minutie et comprends qu’il s’agit d’une reproduction très réussis d’Edna. C’est étrange. Cet objet ne figurait pas dans le rapport de la police. Seraient-ils passés à côté de ça ? Je la prends délicatement et pourtant, me pique l’index. Il y avait une aiguille ?
- Oh ! s’écrie Maya. On dirait une poupée vaudou !
- Une poupée vaudou ? Tu n’es pas sérieuse là !
- Bien sûr que si ! J’ai vu un documentaire là-dessus.
- Peu importe. Ceci peut être un indice et il n’y a plus rien d’autre à voir ici. Allons-nous-en.
Seulement à quelques mètres de la cabane, nous croisons le chemin d’une vieille femme.
- Laissez-moi vous soigner, me propose-t-elle en pointant mon index.
Comment sait-elle ? Nous espionne-t-elle depuis tout à l’heure ? Je fais un mouvement de recul et secoue négativement la tête.
- Laissez-moi vous soigner, répète-t-elle.
- Non merci, ce n’est pas la peine.
J’empoigne Maya et accélère le pas vers la ville. Une fois en sécurité, je souffle de soulagement et nous reprenons un rythme plus lent.
- Tu aurais peut-être dû la laisser. Si jamais cette poupée vaudou était empoisonnée ?
- Arrête de conter des idioties. Ce n’est qu’un bout de tissu et cette femme n’a pas de pouvoirs magiques non plus.
- Je suis sûre que c’est une sorcière.
- Maya…
- C’est toi qui ne crois pas à la magie, pas moi !
Le soir même, je me suis renseignée sur l’art vaudou et, je dois bien l’admettre, Maya avait raison. Cette espèce de marionnette a tout d’une poupée vaudou mais je n’ai trouvé qu’une seule aiguille dessus : celle qui m’a blessée. Et on ne peut pas sérieusement envisagé qu’elle soit l’origine de la mort. C’est physiquement impossible !

15h42.
- Ecoutez inspecteur, je ne fais pas dans le vaudou. Je…
Un grand vacarme provenant de la chambre de Maya m’arrête.
- Je vous rappelle, annonçais-je avant de raccrocher. Maya ?
J’entre dans sa chambre pour la trouver allongée au sol. Je me précipite sur elle et c’est alors qu’elle se met à trembler et m’agrippe l’épaule.
- Maya ? Ça ne va pas ?
- John, Kurt, Diane, Arthur, Cindy, Tom, Gary, Sarah, Edna, toi.
- Moi ? Maya, qu’est-ce qu’il t’arrive ?
- Tu es sur la liste, affirme-t-elle avant de s’effondrer à nouveau.
- Maya ? Maya ! Réveille-toi !
Elle ouvre doucement les yeux, regarde autour d’elle et me dévisage.
- Que s’est-il passé ?
- Tu ne te souviens pas ?
Comme elle me répond négativement, je lui explique ce qu’il vient d’arriver. Elle reste pensive un moment puis son visage s’illumine.
- Je sais ! s’exclame-t-elle. C’est le meurtrier ! Grâce à un sort vaudou, il est entré dans mon corps pour te prévenir que tu es la prochaine.
- Un sort vaudou ? Vraiment ? Tu me prends pour qui ?
- Tu as une meilleure explication Sherlock ?
- Pas pour l’instant mais je trouverais la logique de ce fait. Quoi qu’il en soit, cela veut dire qu’Edna n’est pas la première victime, ni la dernière si nous ne faisons rien.
- Alors tu gardes l’affaire ?
- Je vais d’abord vérifier si ces informations sont justes et s’il y a un lien entre ses victimes.
- Et moi je vais raconter ça à Nathaniel !
- Non, Maya !
Trop tard. Elle est partie. Je soupire avant de rappeler l’inspecteur. La police doit sûrement avoir des renseignements sur ces morts si elles ont bien eu lieux.

23 Août, 7h01.
- Vous avez l’air contrarié.
Je sursaute et lève le regard de mon ordinateur pour voir le fameux voleur qui sévit à Boston ces temps-ci : K2, le voleur masqué ou le magicien mystique. Un costume noir de jais – assorti au chapeau haut de forme, à la cape cachant un petit deltaplane et au masque descendant jusqu’à son nez – le couvre comme toujours. Les gens l’adorent pour les tours de passe-passe qu’il joue aux policiers. Le pire est qu’il prévient ses victimes à l’avance mais, malgré les précautions prises par la police, il réussit toujours par s’en sortir grâce à la « magie ». Il a aussi la réputation d’un vrai voleur de cœur. Maya m’a raconté que toutes les filles de sa classe sont folles de lui. Je pense que c’est surtout un beau parleur. Mais qui ne se ferait pas charmer par un si beau et mystérieux gentleman comme lui ?
- Comment êtes-vous entré ? le questionnais-je.
- Si je vous le disais, vous ne me croiriez pas.
- Que voulez-vous ?
- Prendre de vos nouvelles. Cela fait un moment que vous ne me pourchassez plus. Ça en devient ennuyeux, vous savez. La police est tellement facile à berner…
- J’ai des préoccupations plus importantes.
Il s’avance et regarde l’écran de mon ordinateur au dessus de mon épaule.
- Des morts inexpliquées. Ils sont morts, ils ne sont pas pressés. Je ne vois pas en quoi ils sont plus importants que moi.
- Vous n’êtes pas le centre du monde, rétorquais-je.
- Mais vous êtes le centre du mien, me murmure-t-il en passant sa main sur ma joue.
Je ferme les yeux au contact et sens son souffle s’approcher de mon visage. Non, je ne dois pas succomber, je ne dois pas… Je trouve la force de me dégager de son emprise et retourne à mes recherches comme si de rien n’était.
- Vous êtes cruelle avec moi, fait-il d’un ton faussement triste.
Je l’ignore et me focalise sur ma recherche. Tout les prénoms prononcés par Maya sont bien ceux des morts et les conditions sont les mêmes que pour Edna excepté qu’il n’y avait aucune poupée vaudou retrouvée. Je me demande s’il y a vraiment un lien entre ces morts. Et si oui, est-ce des morts semblables ou y a-t-il un meurtrier derrière tout ça ? Des lèvres se posant sur mon cou me font sortir de mes pensées.
- Excusez-moi, je ne voulais pas vous déranger, ment-il.
Des frissons me parcourent et il sourit de ce sourire vainqueur.
- Arrêtez, gémis-je.
- Arrêtez-moi.
Je me retourne face à lui et le fixe dans les yeux avant de me figer sur sa bouche.
- Embrassez-moi, le suppliais-je.
Il a un petit sourire en coin mais finit par avancer ses lèvres. Je ferme les yeux, dans l’attente du baiser, mais il ne vient pas et quand je les ouvre, K2 n’est plus là. Un mot se trouve à l’endroit où il se tenait il y a encore quelques secondes.
« En espérant vous revoir bientôt. Faîtes attention à vous. K2. »
Je souris et me laisse retomber sur ma chaise quand j’entends un cri de rage typique de ma sœur.
- Il m’a encore eu ! se plaint-elle en entrant dans ma chambre. J’ai voulu l’empêcher de sortir mais il m’a sorti « la colère ne vous va pas au teint belle demoiselle » et il m’a embrassée la joue. Je suis désolée, soupire-t-elle.
- Ne t’inquiète pas, la rassurais-je. Je n’espérais pas que tu l’attrapes. On ne l’a pas aussi facilement.
- T’es complètement accro, déduit-elle de mon sourire en s’asseyant sur mon lit. Des nouvelles de la « liste des condamnés » ?
- Tout les noms y sont. Ils sont tous morts ce mois-ci. Ils n’avaient aucune trace de blessures externes et étaient en bonne santé mais il y a un fait étrange : Excepté Edna qui était une criminelle recherchée, tout les autres étaient des officiers de police.
- Quel rang ?
- Quatre agents de terrains et leur chef, deux gardiens de prison et un commissaire.
- Des gardiens de prison ?
- En réalité, ce sont des agents qui ont été pris comme gardiens de prison.
- Est-ce qu’il y a un rapport entre eux ?
- Je n’ai rien trouvé pour l’instant à part leur métier.
- Mais dans ce cas là, quel est le lien avec toi ? Personne ne sait que tu es le Détective Johanson et puis tu ne fais pas parti de la police.
- Oui, c’est vrai…
- Au fait, j’ai invité les Jenkins à dîner ce soir, m’informe-t-elle en se levant.
- Tu as quoi ?!
- Tu devrais faire tes fameuses lasagnes, Kale va adorer mais il va surtout adorer la nouvelle robe que je t’ai achetée et que tu vas mettre ce soir.
- Oh non.
- Si tu vas la mettre !
- Maya…
- Et on ne ronchonne pas !
Elle sort et je prends mon visage dans mes mains en soufflant.
- On ne soupire pas non plus ! me crie-t-elle.

19h35.
Maya m’a déniché une robe courte noire à bustier et c’est dans cette tenue que j’ouvre la porte aux quatre frères Jenkins. Le petit dernier, Matthew, se tient devant et se jette sur moi. Je ris doucement et le repose pour accueillir les autres. Nathaniel me salut poliment et timidement avant de rejoindre Maya, sa meilleure amie et Jayden m’examine de la tête au pied.
- J’adore, sourit-il en me prenant la taille.
- Jay ! s’énerve son grand frère. Laisse-la un peu !
Il sourit malicieusement et me libère. Je fais alors entrer Kale qui s’excuse du comportement de son frère.
- J’ai l’habitude, le rassurais-je en fermant la porte.
- Tu es très belle.
- Merci.
Il m’observe et je reste paralysée par son regard. J’ai l’impression qu’il y a quelque chose à propos de ses yeux, quelque chose dont je devrais me souvenir, mais je n’arrive pas à mettre le doigt dessus.
- Hum ! On vous dérange ?
Nous brisons notre regard pour nous rendre compte que tous les autres nous observent. Je rougis et les fais assoir avant d’apporter le plat. Le dîner se passe plutôt bien et Kale nous a même fait un tour de magie sur la demande de ma sœur. Oui, il est magicien et elle espère pouvoir me caser avec lui. Je n’ai rien contre lui mais je le trouve un peu étrange et puis je n’ai pas le temps pour ça.
- C’était super Kale ! N’est-ce pas Sherlock ?
- Maya, que tu es naïve. Tout ce qu’il a fait c’est attiré ton attention sur sa main gauche. Ainsi, il était libre de faire ce qu’il voulait avec la droite.
- Tu gâches tout, rumine-t-elle.
Je finis par me réfugier dans ma chambre. Quelque chose me tracasse. Le fait que presque tout les morts avaient un rapport avec la police indique qu’ils ont été victimes d’un tueur en série. Mais dans ce cas, pourquoi le meurtrier a-t-il tué une criminelle ? Si elle ne faisait pas parti des victimes, le motif aurait pu être une haine envers la police mais là, ça ne marche pas. Je me remets à examiner les dossiers des différentes victimes que l’inspecteur m’a passé quand une main fait apparaître une rose devant mes yeux. Je lève le regard pour apercevoir Kale me sourire. Je prends la fleur qu’il me tend en le remerciant. Je la porte à mon nez pour la sentir alors qu’il s’assoit à mes côtés en jetant un air curieux aux documents qui s’offrent à lui. Il est le seul des Jenkins – avec Nate à qui Maya n’a pas pu le cacher – à savoir que je suis détective. Bien évidemment, ils ne sont pas au courant que je suis le fameux Détective Johanson. Je fais tourner la fleur dans mes mains en l’observant lire avec attention les dossiers.
- Je me demande ce qu’ils faisaient là, murmure-t-il finalement.
- Comment ça ?
- Les lieux où ils sont morts, ce sont tous des endroits déserts. Que pouvaient-ils bien faire là ?
- Déserts ? Tu en es sûr ?
- Oui. Je connais assez bien tout les recoins de Boston grâce aux spectacles que je donne et je peux t’assurer qu’aucun de ses lieux n’est habité. Tu penses qu’ils ont été tués ?
- Ce n’est pas certain mais très probable. Mais cela n’explique pas le fait qu’ils sont tous morts dans ces places désertes.
- Peut-être le meurtrier voulait être sûr de ne pas avoir de témoin.
- Toutefois, comment a-t-il réussi à attirer ces proies à l’endroit désiré ?
- Il connaissait les victimes personnellement ?
- Je ne crois pas. Je n’ai trouvé aucun lien entre elles.
- Ce sont des policiers, ils ont pu avoir une mission ensemble, non ?
- Mais oui ! Je vais vérifié ça tout de suite.
Je pose la rose, prends mon ordi et parcours les archives de la police. Je trouve assez rapidement ce que je cherchais et me tourne vers Kale pour le voir se tenir le doigt. Je remarque la poupée à ses pieds et en déduis qu’il s’est piqué.
- Ça va ? m’inquiétais-je.
- C’est rien, m’assure-t-il. Qu’est-ce ?
- Je l’ai trouvé dans la pièce où la dernière victime a été trouvée. Maya pense que c’est une poupée vaudou.
- Ça en a tout l’air, fait-il en la ramassant. Qu’en penses-tu ?
- Peu importe, ce n’est qu’un bout de chiffon.
- Content de voir qu’il n’y a pas qu’en ma magie que tu ne crois pas.
Il la repose et me rejoins pour voir ma trouvaille.
- C’était quand Edna s’est échappée de prison, lui expliquais-je. Les deux gardiens qui étaient des anciens policiers ont aidé les autres agents dans la poursuite et il y a eu une fusillade. Par contre il ne parle pas du commissaire. Peut-être était-il chargé de l’affaire…
Des chuchotements me parviennent soudain à l’oreille. Je me dirige vers la porte et l’ouvre brusquement. Matt, Nate et Maya me sourient innocemment.
- Vous cherchiez quelque chose ? les questionnais-je.
- Euh, on… passait juste.
- Oh, vraiment ?
Je les fixe et ils reculent par précaution. C’est alors que Kale nous rejoins.
- De toute façon, nous allons y aller. Merci pour le repas.
Il joint le geste à la parole en m’embrassant sur la joue. Je rougis indéniablement en le remerciant à son tour pour son aide.
- Aide ? relève Maya.
- Ça ne te regarde pas jeune fille.
Elle lève les yeux au ciel et nous disons au revoir aux Jenkins, excepté Nate qui reste dormir.
- Soyez sages tout les deux.
- Et toi rêves bien de ton voleur, renchérit Maya.

24 Août, 6h34.
C’est avec une douleur au doigt que je me réveille. J’allume immédiatement ma lampe de chevet pour examiner mon index. La piqure faite par l’aiguille de la poupée est extrêmement rouge et un cercle blanc s’est formé tout autour. Je ne sais pas ce que c’est mais cela ne présage rien de bon. Je ferais mieux de cacher ça à Maya où elle va s’imaginer de la magie noire ou vaudou ou peu importe. Du maquillage devrait suffire à masquer cela. Je pense aussi qu’il serait plus sûr de jeter cette marionnette. Elle ne m’est d’aucune utilité pour l’enquête et qui sait où elle a pu traîner et quels microbes elle a pu amasser. De toute façon, je dois aller examiner les différents lieux des morts. Je décide d’y aller tout de suite. J’avale rapidement un café à la noisette, me prépare et m’en vais en prenant soin de laisser un mot à l’intention de Maya. Je constate une fois sur place que le premier endroit est en effet désert et que la police a encore une fois tout balayé sur son passage. Aucune poupée non plus. Cela ne m’avancera à rien de rester ici. J’allais partir quand un arbre attire mon attention. Bien qu’il ne manque pas d’arbres sur les rives de Boston, celui-là à quelque chose de particulier : un dessin y est gravé. Une sorte de symbole représentant un éclair sur une étoile à quatre branches. Je prends une photo et appelle Maya.
- Tu aurais pu me réveiller au lieu de partir comme une voleuse ! se plaint-elle en décrochant.
- Bonjour, tu as bien dormi ? Moi, oui !
- Sherlock…
- Maya. Tu as un invité et puis tu étais confortablement installée sur son torse, je n’allais pas te réveiller.
- Quoi ? Je n’ai pas le droit de dormir sur mon meilleur ami ?
- Ce n’est pas ce que j’ai dit.
- Tu l’as insinué !
- Peu importe, j’ai besoin que tu fasses une recherche.
- Je déteste les recherches !
- Si tu ne le fais pas, tu auras mon meurtre sur la conscience. Je suis sur la liste je te signale.
- Bien. Qu’est-ce que tu veux ?
- Je vais t’envoyer la photo d’un symbole. J’aimerais que tu trouves ce qu’il signifie.
- C’est parti !
Je la remercie et lui envoie l’image. J’examine un peu plus précisément la gravure. Elle est plutôt nette et a le tracé d’un couteau je dirais. Des copeaux d’écorces se trouvent au pied de l’arbre. C’est étrange… Je suis ensuite allée aux autres lieux pour y trouver ce même symbole. Je décide donc de faire un tour du côté de la cabane où Edna a été retrouvée. J’y trouve, inscris à la craie sur le mur, le même signe. Je jurerais qu’il n’y était pas la dernière fois ! Qui a bien pu dessiner ça ? Pourquoi ? Et que signifie ce symbole ? J’en saurais plus quand Maya aura trouvé. Il est temps de rentrer maintenant. Mais avant, j’ai quelque chose à faire. Je sors de ma poche la poupée soit disant vaudou et la repose là où je l’ai trouvée. Elle appartenait sûrement au propriétaire de cette maison et non à Edna de toute façon. Je m’en retourne donc à pieds, perdue dans mes pensées quand une rose d’un rouge flamboyant apparait devant mes yeux. Je m’arrête et lève les yeux à ma droite.
- Kale ?
- Que fait une si belle demoiselle seule si tôt ?
- Et toi alors ?
Il sourit et nous continuons notre marche à travers le parc.
- Toujours sur cette affaire de sommeil mortel ?
- Très poétique.
- Merci.
- Je suis allée sur les lieux des crimes.
- Tu as trouvé quelque chose ? demande-t-il en m’invitant à m’assoir sur un banc avec lui.
- Il n’y avait strictement rien, lui expliquais-je en m’installant, à part un espèce de symbole. J’ai chargé Maya de faire les recherches mais elle n’est pas très douée pour ça. J’étais justement en train de rentrer pour les faire moi-même.
- Oh, c’est dommage.
- Pourquoi ?
- Non, rien.
Un silence se crée et je trouve soudain un intérêt particulier à mes mains. Je me souviens alors des effets provoqués par la piqure sur mon doigt et que Kale s’est lui aussi piqué. Je me mets à fixer ses mains. Malheureusement il ne les bouge pas. Il va falloir que je lui demande. Je relève la tête dans ce but et me rend compte que son visage s’est approché du mien. Je reste paralysée un instant puis avance prudemment. Je ferme les yeux et me laisse guider par mes autres sens. Je perçois son souffle près de ma bouche quand mon portable sonne. J’ouvre brusquement les yeux et me met à chercher mon mobile afin d’y répondre. J’adresse un petit sourire gêné à Kale avant de m’éloigner pour décrocher. Ce n’est pas qu’il n’a pas le droit d’entendre, j’ai juste besoin d’air frais.
- Eureka ! s’exclame Maya à mon oreille. J’ai trouvé !
- Dis-moi tout.
- Ça représente une vielle légende Inca. Le Dieu des rêves eu un jour deux fils jumeaux : Huarin et Tudrik. Pour décider le successeur, un tirage au sort fut organisé et Huarin devint le Dieu des rêves. C’est alors que Tudrik, jaloux, décida de se nourrir des rêves des humains pour exterminer son frère. Pendant leur sommeil, il s’infiltre dans leur rêve afin de les tuer et de devenir plus puissant.
- J’ai trouvé ce signe à chaque lieu où les corps ont été trouvés. Tu sais ce que ça veut dire ?
- Ça colle parfaitement ! Tudrik les as tués pendant leur rêve ! Ce qui explique pourquoi ils dormaient tous.
- Non, cela signifie que ce ne sont pas de simples morts mais des meurtres ! Ces symboles ont été placés là intentionnellement par quelqu’un. Ce qui prouve qu’il y a bel et bien un meurtrier.
- Et ce meurtrier c’est Tudrik !
- Dans ce cas, peux-tu me dire comment ton cher Tudrik a fait pour dessiner sur un arbre alors qu’il n’existe que dans les rêves ?
- Il peut se matérialiser.
- Maya…
- Les Incas ont toujours raison Sherlock et les Mayas aussi donc, j’ai raison !
- Très drôle.
- Incas ? apparait soudain la voix de Nathaniel. Je croyais que c’était une histoire de vaudou.
- Oh, tu es réveillé ! s’étonne Maya.
- Remarque très pertinente, fis-je. Bonjour Nate.
- Bonjour. Maya m’a parlé de poupée vaudou l’autre jour. Vous êtes déjà sur une autre affaire ?
- Non, c’est la même.
- Sauf que maintenant, ajoute Maya, on sait que le meurtrier est un inca vaudou !
Je soupire et finis par rire avec Nate.
- Arrêtez de vous moquer ! s’énerve ma sœur. Vous rigolerez moins quand Tudrik viendra vous tuer pendant votre sommeil !
- Je m’occupe d’elle, m’annonce Nate avant de raccrocher.
Je souris. Ce qu’elle peut être têtue. Je respire profondément avant de revenir sur mes pas. J’ai la surprise de trouver le banc où nous étions libre.
- Kale ? l’appelais-je en regardant autour de moi.
Mais il n’est plus là. Seul reste sur le banc, la rose qu’il m’avait fait apparaître tout à l’heure. Je la ramasse et la sens avant de scruter les environs une dernière fois. Rien. Je ferais mieux de rentrer.

9h46.
Je passe la porte sans bruit et me dirige discrètement vers la chambre de Maya afin d’y jeter un coup d’œil. Nate est placé sur Maya. Ils se chamaillent encore.
- Nathaniel ! Arrête !
- Pardon ?
- Pousse-toi ! J’arrive plus à respirer !
- Tu insinues que je suis gros ?
- Nan, j’insinue que t’es lourd, nuance.
- Tu vas me le payer !
Il se met à la chatouiller et son rire si communicatif résonne dans l’appartement. Je ne peux que sourire jusqu’à ce que Nate s’arrête et avance son visage vers celui de Maya. J’observe d’un œil curieux ma soeur se figer. Son meilleur ami dépose un doux baiser sur ses lèvres. Elle le laisse faire mais tourne la tête une fois leur lèvres séparées.
- Nathaniel…, murmure-t-elle.
- Je sais. Je n’aurais pas dû. Je ne sais pas ce qu’il m’a prit.
- Ce n’est pas de ta faute.
- Si. Je sais que tu ne veux que d’un ami. Il faut que j’apprenne à me contrôler, c’est tout.
- Je suis vraiment désolée. Cela doit être dur.
- Ne t’inquiète pas. Je ne perdrais ma meilleure amie pour rien au monde.
Intéressant… J’aurais quelque mots à lui toucher plus tard. Pour l’instant, laissons-les tranquilles. J’accroche la rose avec les autres, tête en bas sur mon mur – pour qu’elle sèche au lieu de faner - et me défais de mon manteau. C’est alors qu’on sonne à la porte. Je vais ouvrir mais ne trouve personne face à moi. Je baisse les yeux et l’aperçois : La poupée dont je me suis débarrassée ce matin. Instinctivement, je scrute les alentours mais ne remarque rien ni personne de suspect. Je m’accroupie et prend la marionnette dans ma main.
- Comment es-tu arrivée ici ? questionnais-je plus pour moi que pour elle.

25 Août, 11h09.

- Si j’étais toi je la brûlerais, me conseille ma sœur. C’est peut-être une poupée tueuse, qui sait ?
- Maya, soupirais-je.
- Quoi ? Si elle peut marcher, elle peut tuer. Et si c’était elle la meurtrière ?
- Brûle-la si ça te fais plaisir mais laisse-moi en dehors de tes histoires sordides.
- Merci ! sourit-elle.
Je lève les yeux au ciel alors qu’elle s’arme d’un paquet d’allumettes. Elle entre dans la salle de bain puis en sort les mains vides pour aller dehors. Elle revient une minute plus tard avec quelques brindilles.
- Tu as vraiment besoin de ça ? l’interrogeais-je.
- C’est plus marrant quand ça brûle bien.
- Pyromane !
Curieuse, je m’approche silencieusement et observe sa manœuvre. Elle place la poupée dans le lavabo et l’entoure de brindilles. Et, munie de son allumette, elle y met feu. Les brindilles prennent très facilement et la fumée commence à attaquer mes narines. Subitement, les flammes s’éteignent aussi rapidement qu’un coup de vent. Pourtant, je n’ai rien senti de tel. C’est alors que nous nous rendons compte que les brindilles sont complètement brûlées mais la poupée, elle, est intacte.
- Sherlock, tremble Maya. J’ai vraiment peur là.
- Tu n’as rien à craindre, la magie n’existe pas.
- Il faut que Tudrik te tues pour que tu arrêtes de dire ça et acceptes enfin l’existence d’une force surnaturelle sur terre ?
- Peut-être…

25 Août, 9h25.
- Il y a quelqu’un ?
Je suis à la recherche de la vieille dame de l’autre jour. Je me demande si la poupée n’est pas à elle. Elle avait l’air de s’y connaître.
- Je sais que vous êtes là, l’appelais-je. Écoutez, je…
Je m’arrête subitement. Je n’arrive plus à respirer. Je tombe sur mes genoux et tente de restée calme puis regarde autour de moi et aperçois la femme s’avancer vers moi. Elle murmure quelques paroles et je respire mieux.
- Comment vous avez fait ça ? demandais-je en me relevant.
- Vous êtes folle de vous montrer ainsi avec ça, s’exclame-t-elle en pointant la poupée.
- J’étais venue vous le rendre. C’est à vous, non ?
- Vous devez le garder sinon il s’en emparera.
- Il ?
- Ranger-ça et suivez-moi.
Je m’exécute et cache la poupée dans ma poche avant de la suivre. Nous arrivons dans une cabane bien remplie. De nombreux livres trainent ainsi que des flacons. J’observe rapidement la pièce quand elle me propose de m’assoir. Elle disparait ensuite un instant et revient avec une tasse en main.
- Buvez, me fait-elle en la posant devant moi.
- Sans façon, merci.
- Buvez. Vous venez de subir une attaque. Vous devez boire.
- Attaquée par quoi ?
- Tudrik.
- Oh, vraiment ?
- Si vous ne buvez pas, il va vous affaiblir.
- Je vous remercie mais je m’en sortirais très bien. Je ne sais pas ce que signifie cette poupée pour vous mais je n’en ai pas besoin.
Je la sors et la pose sur une petite table en bois puis me lève.
- Sur ce, je vous laisse.
- Attendez, me retient-elle. Si vous ne la garder pas avec vous, il la prendra et vous forcera à venir vers lui avant de vous endormir. Là, vous ne pourrez plus rien contre lui.
- Et qu’est-ce qui vous fait dire que ce soit disant dieu va s’en prendre à moi ?
Elle baisse le regard vers la table et je le suis des yeux. La poupée est toujours là mais disons qu’elle n’a pas exactement la même apparence.
- Vous êtes la prochaine, affirme la femme.
- Génial ! J’ai toujours rêvé d’avoir une marionnette à mon effigie !
- Si cela peut vous rassurer, vous l’avez mieux pris qu’Edna. Elle s’est évanouie. Venez me voir demain soir, je tâcherais de vous préparer à affronter Tudrik.
- Et comment suis-je censée le battre ? Parce que, pour tout vous dire, je ne suis pas douée en sports de combat.
- Tudrik est malin. Il s’introduit dans l’esprit de sa victime et se nourrit des informations. Ainsi, il peut prendre l’apparence de la personne que l’on aime le plus dans le rêve. Vous savez, les rêves nous semblent tellement réels. Comment tuer la personne que l’on aime le plus ?
- Ouais, surtout si c’est une championne de karaté…
- Ne vous inquiétez pas, je vous aiderais. Il faut anéantir Tudrik au plus vite avant qu’il ne devienne plus puissant.

11h13.
- Où est-ce que tu étais encore passée ? me gronde Maya.
- J’espérais me débarrasser de ce bout de tissus soit disant vaudou.
- Et alors ?
- La « sorcière » comme tu dis ne me l’a pas repris mais je ne l’ai plus pour autant.
- Comment ça ?
Je lui montre mon sosie de chiffon et elle ouvre si grand les yeux que j’ai peur qu’ils en tombent. Sans prévenir, elle me l’arrache des mains et l’examine avec horreur.
- Tu sais, ce n’est pas le graal, l’informais-je.
- Donc c’est vrai ? Tu es la prochaine victime de Tudrik ?
- Tudrik n’est qu’une légende Maya !
- Qu’est-ce que tu as au doigt ?
- Hein ? Rien ! Je n’ai rien !
Malgré mes affirmations, elle me prend le doigt de force pour l’observer. Le maquillage est parti et laisse donc apercevoir mon doigt blanc comme neige.
- Je n’aime pas ça du tout, frissonne-t-elle. Ça devient beaucoup trop dangereux.
- Ce n’est rien.
- Rien ?! s’exclame-t-elle. On veut te tuer Sherlock ! Ce n’est pas rien ! Tu es tout ce qui me reste, je ne veux pas te perdre.
- Je sais Maya mais ai confiance. Je connais mon travail et je contrôle parfaitement la situation.
- C’est faux ! Que te faut-il de plus pour admettre que la logique n’est pas toujours la solution ?
- Des preuves concrètes. Rien ne me prouve avec assurance que ce dieu existe vraiment.
- Et tu es prête à risquer ta vie pour ça ?!
- Je ne me trompe jamais Maya.
- L’erreur est humaine. Il arrivera bien un jour où tu te tromperas et ce jour peut très bien être aujourd’hui.
- Tout comme il peut être demain ou après-demain. Et alors ? Que veux-tu que je fasse ? Que chaque jour je renonce à chercher la vérité par peur de me tromper ? Ce n’est pas comme ça qu’on résout des crimes.
- Ne me laisse pas toute seule, me supplie-t-elle les larmes aux yeux.
- Tu n’es pas seule. Ce n’est plus qu’une question de temps pour je découvre la vérité que cache cette affaire, tu verras.
Je la prends dans mes bras pour la rassurer. A vrai dire, je n’en suis même pas sûre moi-même. Peut-être a-t-elle raison mais je refuse de croire que le surnaturel a quelque chose à voir avec ces meurtres.

23h46.
Allongée sur mon lit, je joue inconsciemment avec la poupée de mes mains alors que mon esprit se perd dans des réflexions plus ou moins importantes.
- Très ressemblant.
J’avais laissé ma fenêtre ouverte et n’aie donc aucune surprise d’entendre la voix de K2 résonner soudain. En réalité, c’est la voix de Kale car K2 est un très bon imitateur et, consciencieux, il l’utilise pour ne pas dévoiler la sienne. Il préfère dire que c’est pour que je sois plus en confiance. Du coin de l’œil, je le vois s’assoir nonchalamment sur ma chaise de bureau.
- Vous êtes retombée en enfance ? se moque-t-il.
- Je me demandais : pourquoi moi ? C’est vrai, vous avez tout un fan club, les habitants de Boston vous adorent, vous êtes l’idoles des jeunes, des filles rêvent de vous, des femmes fantasment sur vous mais c’est moi que vous venez embêter. Alors, j’essaie de comprendre pourquoi vous aimez tant jouer avec moi.
- Qu’en déduisez-vous, détective ?
- J’observe qu’en gesticulant la poupée, cela offre une vue plutôt appréciable pour un homme. Mais ça n’explique pas pourquoi me torturer moi plus qu’une autre. Non, continuais-je en m’asseyant, vous m’avez choisie parce que je suis intelligente, capable de déchiffrer vos énigmes. Je suis la seule à pouvoir vous attraper et vous le savez. Mais ont a tous un point faible, n’est-ce pas ? Vous aimez jouer avec mes émotions parce que cela vous rappelle que je ne suis pas si forte que ça, que je peux être faible. Ça vous rassure de me savoir impuissante face à vous. Voilà pourquoi.
- Mmh… C’est pas mal… Mais, pour tout vous avouer, je fais ça uniquement pour la vue. Il faut admettre que vous êtes bien faite.
Évidement, pour rien au monde il n’avouerait que j’ai dit vrai. Les gentlemans ont leur fierté. Surtout les gentlemans pervers comme lui. Il se lève et s’avance vers moi. Quand son visage devient trop proche du mien, je recule. Malheureusement, il s’approche toujours et je finis allongée sous lui.
- Où en est votre enquête sur ces morts inexpliquées ?
- En quoi cela vous intéresse soudain ?
- Plus vite cette affaire sera bouclée, plus vite vous reviendrez sur mon cas.
- La police est si nulle que ça ?
- Vous n’imaginez même pas.
- Eh bien, il me manque encore le mobile. Je ne vois pas pourquoi quelqu’un a tué ces personnes là précisément.
- Il n’aimait pas les policiers ?
- Attendez, comment vous savez que c’étaient des policiers ?
- Dois-je vous rappeler que mon passe-temps favoris est de vous espionner ? Je sais tout de vous et ce que vous faites.
- Dans ce cas, vous savez que la dernière victime était une criminelle et la prochaine n’est qu’une jeune femme, détective à ses heures perdues. J’ai quelques contacts avec la police mais cela ne fait pas de moi une policière.
Il me dévisage étrangement, visiblement ailleurs.
- Vous êtes la prochaine victime ?
- Je croyais que vous saviez tout…
- Oui mais, vous êtes sûre ?
- Vous avez dit vous-même que la poupée est ressemblante.
- Oui…
- D’ailleurs, vous connaissez peut-être plus de chose que la police sur Edna…
- Ce n’est pas parce que je suis un voleur et elle une cambrioleuse que je la connais.
- C’était juste une supposition.
- Mais je sais que son évasion a fait des morts.
- Des morts ? répétais-je en me perdant dans mes pensées.
- Oui, je regardais beaucoup les infos à l’époque dans l’espoir qu’on parle de moi et j’ai entendu ça. C’est tout ce dont je me souviens.
Je ne l’écoute plus et le pousse pour attraper mon ordinateur portable. Alors que je me mets à chercher avec ferveur, des mains m’entourent la taille et un souffle chatouille ma nuque. Je tente de me concentrer malgré les frissons qui se forment en moi à chaque baiser de K2 sur mon cou. Eh si… Je reste un moment à fixer mon écran, perdue dans mes pensées. Il doit forcément avoir une solution logique. La magie n’existe pas. Rien ne me fera changer d’avis.
- Ah ! m’écriais-je brusquement en le sentant me mordre. Vous êtes fou !
Il s’allonge à nouveau sur moi et me fixe avant de s’approcher lentement.
- Non, c’est vous qui êtes folle de moi, sourit-il.
- Je ne fais pas parti de votre fan-club, répliquais-je en tournant la tête.
- Oh vraiment ? C’est dommage, je comptais vous embrasser.
Je feigne l’indifférence mais renonce quand il pose ses lèvres sur ma clavicule. Je me laisse guidée par ses caresses et ma bouche touche presque la sienne quand il s’arrête. J’ouvre les yeux et il me sourit de cet air malicieux qui fait son charme. Je baisse les yeux et accepte ma défaite. J’ai beau dire qu’il ne me fait aucun effet, il sait que c’est faux. Je ne peux résister. Pensant le voir partir en me laissant sur ma faim une nouvelle fois, je suis surprise de sentir ses lèvres se coller aux miennes l’espace d’une seconde. Il me salut ensuite de son chapeau et saute par la fenêtre. Je reste en tailleur sur mon lit, un sourire bête sur le visage. On a tous un point faible, n’est-ce pas ?

26 Août, 21h42.
J’ai longuement discuté avec Maya et nous avons décidé de venir à la rencontre de la vieille femme ensemble.
- On est encore loin ?
- Maya…
Elle se met à rire quand je la stoppe soudain. Quelqu’un approche en tenue d’officier vers nous.
- Que font ces demoiselles seules ici si tard ? On pourrait croire que vous préparez quelque chose de pas net…
- On pourrait vous poser la même question, renchéris-je alors qu’il passe dans mon dos.
- Faîtes attention, je peux vous arrêter.
A ces mots il passe ses bras autour de ma taille et pose sa tête sur mon épaule.
- Ne la touchez pas ! réagit Maya.
- Ne t’inquiète pas, c’est un voleur pas un violeur. N’est-ce pas ?
- Qu’est-ce qui m’a trahi ? demande-t-il.
- Quel officier oserait se mettre ma sœur à dos ?
Il rit et m’embrasse dans le cou alors que Maya ouvre de grands yeux.
- Tu veux dire que.. il… Vous êtes K2 ?!
- Bonsoir chère demoiselle. Vous êtes ravissante ce soir.
- Oh, merci… Je veux dire : Ôtez vos mains de là !
Il ne l’écoute pas et appose un nouveau baiser dans mon cou. Maya s’apprête à riposter mais la vieille femme fait son apparition. Elle nous regarde un à un. Je me défais de l’emprise de K2 pour prendre la parole.
- Vous deviez venir seule.
- Je sais mais Maya est ma sœur. J’ai cru bon de l’amener puisque c’est en elle que Tudrik va se transformer.
- Et votre copain est là pour vous soutenir, c’est ça ?
- Euh…
- Écoutez, dans cette bataille, vous serez seule alors si vous voulez réussir, vous devez le faire seule.
- Oui, je comprends mais je…
Je ne peux finir ma phrase. Mes paupières se font soudain lourdes et je me sens tomber.
- C’est Tudrik ! s’exclame la femme.
K2 me rattrape juste avant que je ne sombre.

22h05.
Je m’éveille inconfortablement allongée dans un lit et sens l’odeur des livres anciens du repère de la vielle femme. En ouvrant les yeux, je l’aperçois au dessus de moi.
- Oh, vous êtes éveillée, remarque-t-elle.
- Vous semblez embarrassée.
Elle ne répond pas et se dirige vers une machine. J’essaie de me lever mais je suis pieds et poings liées. K2 est ligoté à ma gauche, endormi.
- Où est ma sœur ?
- Je l’ai envoyé chercher des plantes pour le remède. Ne vous inquiétez pas. Je vais faire sortir Tudrik de votre corps. C’est la deuxième attaque et vous n’avez pas voulu boire ma tisane, il faut donc prendre des mesures radicales.
- C’est aussi pour cette raison que vous l’avez attaché ? demandais-je en parlant de K2.
- Il voulait s’opposer, je n’avais pas le choix. C’est pour votre bien.
- C’est ce que vous leur avez dit avant de les tuer ?
- De quoi parlez-vous ?
- Vous le savez très bien. Les soit disant victimes de Tudrik, ce sont les votre. Vous les avez tués grâce à l’électricité de cette machine. Vous les avez attirés un à un dans des endroits déserts et comme les premières victimes étaient des agents, la police n’a pas osé trop s’impliquer dans l’affaire et vous étiez tranquille. Et puis, je suis arrivée et j’ai trouvé la poupée avec laquelle vous aviez fait croire à Edna qu’ un dieu inca était après elle. Vous avez remarqué que je fouillais plus que les agents passées alors vous avez décidé de brouiller les pistes. Vous m’avez sorti la même histoire qu’à Edna en vous dépêchant de dessiner le symbole de Tudrik partout. A vrai dire, l’idée était bonne mais vous avez commis quelques petites erreurs. Tout d’abord, vous avez utilisé une poupée vaudou car tout le monde en a déjà entendu parler. Vous étiez ainsi sûre d’effrayer la victime puis vous avez ajouté la légende de Tudrik car elle convenait aux meurtres. Le problème est que le vaudou et l’inca n’ont rien en commun. Ensuite, il est clair que les symboles tracés sont récents alors que certaines morts remontent à un mois. La raison est que vous les avez faits juste après que j’ai pris possession de la poupée. C’est aussi vous qui l’avez ramenée devant chez moi. Quant à ce que vous m’avez dit l’autre jour, ce n’était que pure création et la tisane était un somnifère. Vous vouliez vous débarrasser de moi le plus vite possible. Mais pourquoi l’avoir emmené lui aussi ?
Mon regard se tourne vers K2 qui s’est réveillé pour entendre ma déduction.
- Il est là parce que je ne suis pas capable de vous porter et je ne suis pas une tueuse. C’est Tudrik qui vous fait délirer.
- Voyons, nous savons très bien vous et moi que vous n’êtes pas si vieille que vous ne le laisser paraître.
- Comment ça ?
- Cessez de vous courber et retirer ce maquillage. Aucune femme ne souhaite vieillir avant l’âge.
- Je lui ai demandé de vous porter parce que c’est à cause de personne comme lui ce qui est arrivé. Il doit payer.
- Madame, cet homme n’est pas officier. C’est un voleur.
- Alors il est comme Edna.
- Non. Il n’est pas coupable de la mort de votre fille.
- Si Edna n’avait pas voulu s’échapper, si les gardiens avaient fait correctement leur travail, si les agents savaient mieux viser et si ce commissaire avait fait son devoir au lieu de flirter avec ma fille, elle serait toujours en vie. Je savais que ce n’était pas une bonne idée qu’elle sorte avec un policier. Il ne faut pas mélanger le travail et les sentiments.
- Je comprends votre chagrin et c’est normal de jeter sa haine sur les présumés coupables mais ne pensez-vous pas aller trop loin ? Les tuer a-t-il vraiment soulager votre douleur ?
- Ça suffit ! Je n’ai aucune raison de vous écouter. Je ne fais plus confiance à la police. Ils disaient tous qu’ils étaient désolés mais ils ne semblaient pas perturbés le moins du monde. On ne réalise que quand ça nous arrive personnellement. Je voulais qu’ils sachent ma souffrance.
- Oh mais je n’ai jamais dit que j’étais de la police, c’est vous qui l’avez déduis en me voyant examiner le lieu de la mort d’Edna. Vous pouvez me faire confiance, je suis détective privé. Et en tuant ces personnes, c’est à leur entourage que vous faîtes du mal. Pourtant, ils n’ont rien fait eux.
- Vous… Vous n’êtes pas de la police ?
- Non. Et quand je dis que je vous comprends, je le pense. J’ai perdu mes parents et pas en même temps ce qui a rendu cela encore plus dur. Ma sœur est ma seule famille et inversement. Souhaitez-vous vraiment faire vivre cette épreuve à une jeune fille de 16 ans une troisième fois ?
La femme est à nouveau penchée au dessus de moi. Elle reste interdite un moment puis fini par déchirer mon haut. Elle cherche l’emplacement du cœur et sort une longue aiguille métallique.
- Cela risque de faire un peu mal, me prévient-elle avant de l’enfoncer.
- Comment pouvez-vous ? me révoltais-je après avoir canalisé la douleur.
- Si vous n’aviez pas fourré votre nez dans mes affaires, cette petite ne perdrait pas son dernier parent mais vous ne me laissez pas le choix. Vous savez tout à présent et je ne peux vous garder en vie. Cela vaut aussi pour le voleur.
Elle clapse des pinces en fer reliées à la machine sur l’aiguille.
- Ce ne sera pas long. Vous mourrez sur le coup.
- Vous ne vous en sortirez pas comme ça.
- Cela m’étonnerait que votre chère sœur ait fini sa cueillette avant une bonne heure alors ne comptez pas sur elle pour vous secourir. Maintenant, détendez-vous.
- Vous pensez pouvoir vivre avec le meurtre d’innocents sur la conscience ?
Elle me tourne le dos puis revient avec un spray en main qu’elle m’asperge à la figure. Mes paupières deviennent lourdes. C’est sûrement ce qu’elle a utilisé pour m’endormir tantôt ainsi que pour toute ses victimes puisqu’elles sont censé dormir lorsque Tudrik les attaque. La dernière image qui m’apparait est K2 me montrant ses mains libres de ses liens. Je souris et rejoins Morphée.

22h34.
Un grand bruit m’éveille. Je suis toujours vivante et attachée mais la femme semble hors d’état de nuire. K2 a discrètement placé les pinces sur un rangement en fer ce qui l’a électrocutée. Il me libère et se penche sur l’aiguille.
- Il faut que je la retire ou le moindre mouvement pourrait causer des dégâts, m’informe-t-il.
J’acquiesce et me cramponne au lit sur lequel je suis alors qu’il l’enlève doucement afin d’éviter d’abîmer tout organe. Je ne le cache pas, cela fait extrêmement mal. C’est alors que ça me frappe. Son doigt. Il est aussi blanc que le mien il y a quelques jours. Serait-il possible que… J’essaie de me lever puis suis K2 à l’extérieur.
- Ça va ? me demande-t-il une fois dehors. Vous voulez que je vous porte à l’hôpital ?
- Ça va aller. Merci.
Il retire son masque de policier pour laisser place à son demi-masque noir et m’embrasse la main. Il la relâche ensuite et je la fais passer sur sa joue. Nos bouches se touchent presque quand Maya arrive en courant.
- Sherlock ! Tu es vivante ! J’ai appelé la police et…
Elle remarque notre position et je baisse le regard avec un petit sourire gêné.
- Euh, je… Je vais les attendre là-bas pour leur montrer le chemin.
Elle fait demi-tour et repars d’où elle vient. Une fois Maya hors de vue, K2 me colle à lui et je le regarde dans les yeux. Quelle idiote j’ai été de ne pas reconnaître ce regard. L’amour rend vraiment aveugle. Le baiser que je désirais tant arrive enfin. Ce que je vais dire est plutôt cliché et étrange venant de quelqu’un qui ne croit pas à la magie mais c’est magique. Malheureusement, nos lèvres doivent se séparer à l’entente des pas des policiers.
- Vous êtes sûre que vous ne voulez pas que je vous emmène à l’hôpital ? Vous saignez.
- Non, Maya va s’inquiéter si elle ne me trouve pas. Vous feriez mieux d’y aller.
Il enlève sa tenue de policier pour se retrouver dans son fameux costume noir puis pose sa cape sur mes épaules. Il m’embrasse une dernière fois avant de s’envoler à l’aide de son deltaplane. Je le regarde disparaitre en souriant. Ton secret est bien gardé Kale… La police arrive peu de temps après. Maya m’enlace alors que les agents s’occupe de la femme.
- Tu as été fantastique ! la complimentais-je. À un moment, j’ai eu peur que tu ne sois vraiment allée cherchée des herbes.
- Après le discours que tu m’as fait avant que l’on ne vienne, je n’allais pas faire confiance à une meurtrière.
La police embarque la femme et je pose la poupée au sol avant de les suivre en compagnie de ma sœur.
- Au fait, comment expliques-tu ton doigt blanc ? me demande-t-elle.
- Elle avait mis du colorant sur l’aiguille.
- Et la poupée qui n’a pas brûlé ?
- Du produit incombustible.
- Et pour le fait qu’il n’y avait aucune traces sur les corps ?
- Elle donnait une charge électrique puissante au cœur grâce à une aiguille minuscule. Une fois le sang nettoyé le trou n’est pas visible à l’œil.
- Elle a eu le temps de te blesser ?
- Je vais bien.
- Sherlock…
- Ce n’est rien !
- On va te faire soigner que tu le veuilles ou non.
- Bien…
- Et comment expliques-tu ma transe ?
- C’est trop subtile pour être expliqué.
- Tu ne sais pas, c’est ça ?
- Oui. Mais il y a certainement une solution logique.
Je jette un coup d’œil derrière nous et remarque que la poupée a disparue.
- Certainement…